AA-Francophonie
Groupe des Alcooliques Anonymes
tenant des réunions fermées par courriel
sur le mode de vie, les étapes et les Traditions
Bonjour,
Heureusement, la troisième étape vient après l'autre, qui dit : « Nous en sommes venus à croire... ».
Pour moi, dans cette expression, il est une notion de temps, de durée. Pour que cette réalisation
survienne dans mon coeur, il a fallu que je commence par renoncer à avoir raison, à vouloir tout
contrôler dans le moindre détail, il a fallu que je renonce aussi à mon interprétation de l'autre
et que je constate l'étendue de mes prouesses lorsque j'agis seule, sous la gouverne de ma volonté.
Nous en sommes venus à croire, ça prend du temps, ça prend son temps. Et je l'ai trouvé si long ce
temps! Ma marraine me disait qu'il fallait que je prenne le temps de me reposer en Dieu. Je pense
que je voulais me reposer en moi. Moi, je ne voulais pas me reposer en Dieu, je voulais faire cette
quatrième étape au plus vite pour pouvoir me libérer de tout ce qu'on m'avait fait subir. Dans ma
petite tête, moi j'avais fait très peu de choses : j'avais avant tout été une victime, des autres,
des circonstances, du hasard... Cette quatrième étape montrerait aux yeux du monde que j'avais bien
fait de boire : n'importe qui à ma place aurait fait pareil! L'horreur, je vous dis!
Qu'est-ce qu'il faut faire, marraine ? Des réunions, lire, partager, parler, aider, servir... Mais
je le fais, marraine; Que faut-il faire d'autre? Rien. Il faut attendre et faire confiance. Attendre
quoi? Faire confiance à quoi?
Avec le temps, j'ai constaté qu'il fallait que j'accepte de lui faire confiance à elle, à qui j'avais
pourtant demandé d'être ma marraine mais à qui je ne faisais pas confiance. Le début de la foi, c'est
quand on décide, au risque de se tromper, de faire totalement confiance à un autre être humain, une
marraine ou un parrain, à quelqu'un qui a un peu plus d'expérience que soi sur la route de l'abstinence,
de la sobriété émotionnelle. J'ai compris que ce n'était pas pour rien qu'on suggérait de prendre
quelqu'un de plus expérimenté : c'était pour commencer à entrer dans l'humilité, à reconnaître
quelqu'un, quelque chose de plus « avancé » que soi. Le parrain et la marraine, c'est le facilitateur
de Dieu.
Malgré mes doutes - et les doutes, disait Henry Nouwen, font partie de la foi - j'ai attendu et je lui
ai fait confiance. J'ai même graduellement accepté de me laisser guider, moi qui suis plutôt boss
de bécosses ! J'ai constaté, parce qu'elle ne me l'a jamais dit, que les marraines, ça accompagne,
ça écoute, ça échange, mais ça ne dit pas quoi faire. Ça suggère parfois, quand on demande - et
encore, il faut que la demande soit claire. En tout cas, la mienne est comme ça.
En acceptant de lui faire confiance à elle, cette inconnue, pour des petits bouts de ma vie, je
me suis trouvée apaisée. Puis je me suis mise à avoir hâte à nos rencontres parce qu'avec elle
je trouvais la paix du coeur. Et un jour, j'ai finalement compris - compris avec mon coeur - qu'avec
Dieu, ce devait être comme ça : me trouver heureuse de la confiance, heureuse de la rencontre, apaisée.
Ah! c'était donc ce qu'elle voulait dire par « se reposer en Dieu » ! En venir à être si certaine
de son amour, de son pardon, que je pourrais me reposer d'être moi, si parfaitement imparfaite, si
humaine et faillible, que je pourrais déposer là mes angoisses, mes chagrins, mes douleurs, mes
joies, mes transports et mes élans, mon espoir, mon désespoir et mon espérance, pour m'en trouver
plus légère, tranquillisée. C'est le mot.
Je vous souhaite de bonnes 24 heures dans la paix.
T, alcoolique