Réflexions de nos membres
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La 4ème étape
Quand j'ai commencé ma quatrième étape - je l'ai souvent commencée, mais terminée une seule fois -, j'expliquais en long en large et en travers les souffrances que les autres m'avaient infligées.
J'expliquais à qui ? À moi ? À Dieu ? À un autre être humain lecteur éventuel ? À moi ? Je savais fort bien ce qu'on m'avait fait; à qui est-ce que je voulais raconter cette histoire que je connais sur le bout du doigt. À Dieu ? Comme je l'ai mis dans ma vie au cours des trois premières étapes, ce Dieu d'amour est censé savoir qui m'a fait du mal - et pourquoi. Il est même censé, dans Son amour infini, avoir déjà pardonné à ceux-là. À un autre être humain, lecteur éventuel ? Ah ! c'était par là qu'il fallait regarder ! Mon ego, encore une fois : je ne pouvais pas être responsable ! Ma marraine à qui je m'en ouvrais m'a dit de continuer la valse : 1-2-3, 1-2-3, 1-2-3, « jusqu'à ce que tu puisses te reposer en Dieu ».
Et puis un jour, j'ai commencé à voir ce que MOI j'avais fait de ce qu'on m'avait fait, toutes les souffrances que je m'étais infligées en prolongeant celles qu'on m'avait faites, et mes masques ont commencé à se craqueler et je me trouvais un peu moins victime quand je me regardais dans la glace. Et puis c'est devenu douloureux, cette prise de conscience. Et je me suis mise à pleurer de plus en plus souvent sur ce que j'étais, ce que je faisais, ce que j'avais fait et pensé. Mes propres manques d'amour - parce qu'au fond c'est ça notre quatrième étape, la liste de nos manques d'amour envers les autres et envers nous-mêmes. Ma marraine m'a dit alors : « le temps est venu : c'est ta quatrième qui pousse, repose-toi dans l'amour de Dieu, assieds-toi et écris ».
C'est ce que j'ai fait. Et c'était bien, et c'était le bon moment.
R.
La 8ème étape
Résolument je vois en chaque étape un cadeau. J'ai reçu chacune comme telle, et chaque fois que je les lis, que je les entends en réunion, je le ressens plus fort.
Et celle-ci pour moi en est un, véritablement. Qui m'a permis d'en accepter l'idée, parce que jusque là, demander pardon ne m'avait pas posé de problèmes... sauf envers ceux que je considérais m'avoir fait du mal ! Ça ne laissait plus beaucoup de monde auprès de qui m'excuser...
Cette étape me permet de me préparer. De me mettre en état de présenter mes excuses. De laisser la compassion prendre la place du ressentiment, et l'honnêteté celle de mes sempiternelles justifications.
De me montrer que demander pardon me sera salutaire... Me libérer de la chape de culpabilité qui pesait sur mes épaules, et du même coup me dégager de la gangue de ressentiment qui m'étouffait.
Dresser la liste honnêtement, examiner chaque instant de ma vie à la loupe, bien séparer la cause des effets pour ne laisser personne de côté, c'est tout ce qui m'est demandé dans cette étape.
Pas de savoir si untel ou une telle pourra recevoir mes excuses, ni ce qu'il en fera.
Et c'est en me dégageant des conséquences de ces excuses, que je peux les envisager sans crainte.
C'est une formidable idée d'avoir ainsi scindé les choses, comme l'inventaire qui vient avant l'aveu de mes torts, comme d'accepter que dieu m'enlève mes défauts avant de les lui confier, là cette fois je fais la liste des personnes auprès de qui je m'excuserai
dans l'étape suivante, c'est vraiment libérateur !
M.
L'abstinence suffit-elle ?
Si l'abstinence suffisait, je suis certain que Bill nous aurait concocté un programme ne comportant qu'une étape !
L'autre jour à ma réunion physique hebdomadaire, j'ai entendu quelqu'un dire : "Sur les 12 étapes de notre programme, il n'y en a qu'une qui parle d'alcool ! C'est donc bien qu'il faut changer aussi d'autres choses ! Arrêter de boire ne résout pas tout..."
Bien entendu, sans la première Étape, les autres étapes ont de la peine à se faire...
J'ai fait des dizaines voire des centaines de fois amende honorable quand je buvais, j'en avais besoin, c'était la condition pour que l'on me prête de l'argent ou même que je me sente mieux avec mon entourage... !!!
Pourquoi, ne le ferais-je pas maintenant ? Après tout, c'est quelque chose qui a marché par le passé !
Je n'ai pas eu besoin de lire les pages 75 et 76 du "Gros livre" pour savoir qu'arrêter de boire uniquement ne suffisait pas...
Après une abstinence de 3 ans, un peu à l'arraché, et surtout en pensant que j'avais réussi ma vie, puisque j'avais réussi l'impossible, je croyais que tout m'était dû, j'ai pratiquement tout perdu, et j'étais sûr qu'il n'y avait plus rien à faire ! Alors, j'ai repris le verre...
Je n'ai rien changé à ma manière de voir la vie, elle n'a pas changé par le fait que j'ai arrêté de boire, et les autres n'ont pas changé vis-à-vis de moi, du moins pas longtemps. Au début ils m'encourageaient, mais quand ils ont vu que je ne changeais pas, ils ont repris leurs anciennes attitudes envers moi !
J'étais perdu quand je suis arrivé en alcooliques anonymes, arrêter de boire, je savais faire...
Mais vivre, je suis encore en train d'apprendre grâce à Dieu et à vous tous !
T.
Mon abstinence lui appartient ... (Le parrainage)
Voici une phrase que je relève dans ton partage à propos de ton parrain : "mon abstinence lui appartient en grande partie".
Cela me parle car moi aussi je ressens ça à propos de ma marraine. Sans elle, je ne sais pas si j'y serais arrivée. Elle m'a pris la main, m'a consacré du temps, m'a offert son écoute, m'a donné une affection, une attention qui ne ressemblait à rien de ce que j'avais pu recevoir jusque-là .
Je sais à quel point je lui suis reconnaissante et je sais comment, à chaque instant de ma vie, mon abstinence repose aussi sur sa présence dans mon coeur.
Ma marraine a donné un visage, une présence à AA. Avant qu'elle n'intervienne dans ma vie AA était pour moi, un mouvement anonyme, plein d'intérêt sans doute, tout comme un livre peut apporter plein de renseignements intéressants. Mais il y manquait une âme, une incarnation dans une parole, un visage pour me parler et me reconnaître.
Ce fut elle, qui joua ce rôle et qui croisa mon chemin.
Peut-être, il aurait pu y avoir une autre personne mais la vie organise ses rencontres ...
Je pense que c'est vraiment important de pouvoir en AA, se créer ainsi un lien privilégié. C'est important pour pouvoir faire sa 5e étape mais pas seulement pour ça. La 5e étape, on peut aussi la faire avec un psychologue qui ne doit pas forcément être AA.
Je pense que c'est important de créer ce lien privilégié avec un ou une ami(e) de confiance pour la force affective que cela donne à notre démarche. Cette relation est le lieu où l'on peut se confier en étant certain d'être reçu sans jugement. C'est un lieu d'amour vrai.
Moi j'ai besoin de croire dans cet amour vrai pour pouvoir croire au reste des choses. Et face à lui, beaucoup d'autres choses deviennent beaucoup moins importantes.
J.
Notre programme en Douze Etapes
Je connais des amis qui sont tout contents de leur abstinence et qui ne cherchent pas à aller plus loin. Je connais de jeunes abstinents qui n'ont pas encore tout à fait réussi à poser le verre et qui se lancent dans le programme avec un grand enthousiasme. Il y a aussi tout ceux qui suivent le programme et qui s'en font un outil de rétablissement utile dans tous les domaines de leur vie.
Il y a des aspects du programme qui sont parfois plus difficiles à accepter ou à mettre en pratique.
Pour ma part, j'ai trouvé dans le programme comme une sorte de synthèse pratique de toute une série de théories que j'avais lues jusque là sans arriver à en trouver le fil conducteur. J'avais l'impression que toutes mes lectures de psychologie pratique s'y trouvaient de manière synthétique et claire. Et il y avait en plus une dimension qui m'avait sans doute échappée et que j'avais depuis longtemps cherchée.
J'ai eu aussi la révélation du lâcher-prise, véritable délivrance par rapport à toutes mes vélléités de contrôle.
J'ai découvert que l'humilité était une vertu et ce fut aussi une forme de délivrance par rapport à mes ambitions et à mes orgueilleuses obligations de performances diverses.
J'ai découvert aussi les joies d'une spiritualité libre.
Le programme a donc été pour moi une véritable révélation et il est, au quotidien, un outil de mieux-être pour vivre en harmonie avec les autres et avec moi-même.
Poser le verre a été en soi un acte révélateur. La force et la magie du groupe ont aussi été source d'émerveillement. Le programme est le terreau/berceau qui permet à tout cela d'éclore et que nos fondateurs ont patiemment mis en place.
Qu'ils soient donc profondément remerciés pour ce merveilleux cadeau qu'ils nous ont légué.
J.
Rigueur et Amour
... c'est ainsi que les anciens m'ont transmis le Message : avec rigueur et beaucoup d'Amour.
Alors à toi N., je ne peux dire que certaines choses : veux-tu continuer à souffrir, à boire : c'est ton problème, par contre en partageant ici et en réunions tes difficultés à poser le verre, tu recevras de l'aide, de la compréhension. Je ne suis pas Médecin, mais je crois pouvoir dire que je suis « experte » dans tout ce qui touche à l'alcool, j'ai consommé de l'alcool et d'autres produits jusqu'aux portes de la Folie, oui l'ami, j'ai bu et j'ai failli crever !!!!!!!!!
En rencontrant les Alcooliques Anonymes, j'ai découvert une Fraternité où l'on s'est contenté de me faire des suggestions. J'étais descendue tellement bas, je me détestais, je détestais les autres, tous les autres n'étaient pour moi que des cons ! C'est à ma 1ère réunion que j'ai trouvé mon chez-moi, que j'ai compris que je ne serais pas jugée, que personne ne me disait que j'étais alcoolique, je suis devenue membre des A.A. parce que c'était là ma place et que les hommes et femmes qui étaient présents savaient de quoi ils parlaient. Sauf qu'eux avaient trouvé le moyen de poser leur verre et que moi j'étais encore dedans.
Toi qui a connu des moments d'abstinence, tu peux comprendre, enfin je crois ! Mais là, je n'étais plus seule (parce que j'ai demandé de l'aide) que je me suis identifiée à chacun qui partageait, j'ai pu dans un mot, une phrase ME RECONNAITRE !!!!!! ENFIN, j'étais arrivée à bon port.
M.
Face aux difficultés de la vie...
Je crois que, face aux difficultés de la vie, notre réflexe d'alcooliques est de nous tourner vers la bouteille, vers l'alcool qui permet de s'assommer et d'oublier. Le seul résultat de cela c'est que pendant qu'on est assommé, on ne risque pas de trouver une solution et les problèmes ne font qu'empirer.
Quand j'avais décidé d'arrêter de boire, j'ai d'abord essayé seule, sans les AA. En fait, je ne voulais pas arrêter tout à fait. Je voulais arrêter un certain temps et puis recommencer et arriver à piccoler comme tout le monde, sagement. Je recommençais donc gentiment avec un verre le week end et au bout de deux semaines, j'en étais à nouveau à boire le tonneau. Tout cela n'a pas été inutile car cela m'a permis de comprendre que jamais je ne pourrais me limiter. J'ai pu aussi constater que dans l'alcool tous mes problèmes empiraient au lieu de se résoudre.
Ensuite, j'ai compris que je n'y arriverais pas toute seule et je me suis appuyée sur les AA. Je te raconte ça car je crois qu'on apprend de ses rechutes, je crois que ça a un sens. Ce n'est pas une raison pour en abuser. Car il est certain que c'est à partir du moment où la sobriété s'installe qu'on peut vraiment s'atteler à résoudre les problèmes. L'alcool entretient la dépression. Il sape l'énergie. Il embrume le cerveau et empêche d'avoir une vue claire et réaliste des situations.
Enfin, probablement tu sais déjà tout ça mais si tu es comme moi, j'ai dû entendre plusieurs fois la même rengaine pour que ça finisse par m'entrer dans la tête (et dans le coeur aussi). J'ai d'ailleurs compris qu'il fallait que je continue à l'écouter régulièrement cette rengaine là car l'alcool est sournois et aurait vite fait de me rattraper dans ses filets si je m'en venais à l'oublier. Alors, je reste là et j'écoute ...
Courage F. Reprends confiance. Ne crois pas que tu sois faible. Tu as des talents, des qualités, des forces qui ne demandent qu'à s'exprimer. Alors, évite de les assommer avec l'alcool et donne-leur une chance ...
J.
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